Les démarches que nous mettons déjà en application pour éviter les pièges du quiproquo sexuel dans le couple peuvent nous aider à vivre le confinement avec plus de sérénité, moins d’incompréhensions.
Dans le quiproquo sexuel, il y a erreur sur la personne : la rencontre amoureuse donne souvent l’illusion d’un amour fusionnel et éternel. Chacun-e est persuadé-e qu’il ou elle peut attendre de l’autre un comportement affectif et sexuel idéal et immuable. L’homme croit que la femme dont il est tombé amoureux exprimera indéfiniment son désir sexuel de la même façon qu’au début de leur passion. La femme croit que l’homme dont elle est tombée amoureuse exprimera indéfiniment séduction et romantisme de la même façon qu’au temps de leur rencontre, spontanément et fréquemment.
Quand nous entrons en vie de couple, les composantes de la passion vont, en s’amenuisant puis en disparaissant, devenir les instruments de sa destruction.
La communication des émotions s’étiole. Le désir sexuel de l’homme et de la femme se différencie et amorce un décalage dans le temps et dans l’intensité. On croit qu’on ne s’aime plus. C’est ce constat qui, lentement, s’insinue et fait peur. Nous ne sommes plus les mêmes, nous sommes différents. Mais « échanger le différent » est plus difficile que « partager le même ».
Le désir sexuel masculin est inné qu’il y ait passion ou pas. Le désir féminin est inné uniquement dans le temps de la passion ; la magie n’opère plus dans la durée et encore moins dans la promiscuité et encore moins dans le confinement à moins que… s’il reste le respect, la complicité, un peu d’admiration et de reconnaissance, si Philia et Agape sont encore présents alors qu’Eros boude dans son coin, il est encore possible pour l’homme et la femme de fabriquer les outils d’une nouvelle séduction et de tout recommencer différemment. Créer un nouveau lien. Être curieux-se de l’autre, chercher à étonner, à plaire, à découvrir la part de l’autre, la part de soi-même qui ne s’est pas encore révélée car nous cachons au fond de nous des richesses insoupçonnées que le couple ne connait pas encore. S’approcher lentement, délicatement, sans but si ce n’est celui de la connaissance de l’autre. S’apprivoiser. « Que signifie apprivoiser ? » demande le Petit Prince de St Exupéry. L’accord, le calme, la tendresse sont au bout du chemin. Mais ne confondons pas tendresse et excitation. Ne forçons pas le consentement à l’échange érotique.
Peut-être… après les mots… sûrement pas… après les maux.
A la semaine prochaine
Couple et Confinement, la double peine
D’aucuns laissaient déjà entendre que « le couple est une prison » et aujourd’hui cette « prison » est elle-même confinée ! deuxième prison, double peine !
« Qu’est-ce qu’on fait avec ça ? »
Avant « la guerre » contre le coronavirus, les couples se séparaient parce qu’ils « s’étouffaient » l’un l’autre. Pour accélérer le processus, aujourd’hui ils sont confinés malgré eux entre quatre murs et la plupart du temps avec leurs enfants.
Catastrophe, tsunami, mort du couple?
Oui ! mort du vieux couple hérité du XIXème siècle mais pas à cause du corona virus.
L’année dernière, à la même époque, lors de la publication de mon essai « A nous deux, le couple ! », je pensais et écrivais que l’apprentissage d’une nouvelle vie en couple était nécessaire.
Aujourd’hui elle me paraît urgente. Ce confinement sanitaire provoque une remise en question quant à la forme de la vie relationnelle dans le couple. La qualité de la communication entre les deux protagonistes va dépendre de la façon dont on va gérer l’embarras procuré par une proximité vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Profitons de cette période pour remettre en question le stéréotype le plus néfaste pour l’homme et la femme qui vivent en couple sous le même toit : « Nous nous aimons, nous sommes un couple, nous avons les mêmes projets, les mêmes attentes, nous ne formons qu’une seule et même personne et c’est pour la vie ! ».
Non à cette fausse croyance ! La passion ne dure pas. Nos deux individualités nécessitent autonomie, indépendance, éloignement, isolement.
Pratiquement ? Pourquoi ne pas décider ensemble que chacun-e pourra choisir son planning et son espace tout en maintenant un fonctionnement familial efficace et le plus serein possible ? Et pourquoi ne fabriquerait-on pas des paravents pour matérialiser les limites de nos territoires ? Ainsi donner la possibilité à chacun-e de respecter l’autre dans son intimité ? S’isoler pour supporter le confinement et avoir soudain envie d’échanger. S’inviter sous le même toit. S’il est possible, aujourd’hui, de réaliser cette nouvelle façon d’être, il sera peut être possible de transformer notre vie en couple dans l’« après-guerre »…
Le patchwork du couple confiné
Le patchwork du couple confiné est une technique qui consiste à assembler plusieurs morceaux de personnalités différentes en forces, faiblesses, courage, peurs, fragilités, créativité, envie de tout, envie de rien… colère, passivité, révolte ou anéantissement… et tout cela multiplié par deux !
La technique du patchwork consiste à chercher, à débusquer ce qui en chaque personne peut convenir à un échange relativement paisible et constructif. Il n’est absolument pas possible dans les conditions actuelles de confinement de rester « entier-ère » comme le disent certains-nes. Nous devons choisir quelle est la part de nous-même qui permettra un dialogue non violent : cela s’appelle aussi la diplomatie. Pour certains couples, cette technique les fera grandir, et même peut être construiront-ils une nouvelle façon de vivre ensemble. A ceux-là je dis « Chapeau ! »
Le confinement sanitaire rallie la morale conjugale… ?
Le question taboue… Peut-on faire l’amour en période de confinement sanitaire à la maison ou dans un appartement ?
Pour moi il y a quatre cas de figures :
1er cas : le couple a conservé et vit encore la tendresse, la sensualité et le sexualité. Pour ceux-là la réponse est oui.
2ème cas : l’un des deux veut faire l’amour, l’autre pas. La sexualité n’est pas obligatoire et elle n’est surtout pas « devoir conjugal ». La sexualité ne s’impose pas à l’autre juste parce que le besoin se fait ressentir. Le besoin sexuel n’est pas de l’amour, c’est un besoin a ne pas imposer à l’autre. Donc ma réponse est non. Par contre il n’est pas interdit d’être attentionné et d’essayer de séduire l’autre avec douceur, humour et délicatesse pour le ou la faire craquer.
3ème cas : le couple est colocataire, ils ne font plus l’amour depuis longtemps. Dans le cas de confinement sanitaire, l’un et l’autre continuent à être colocataires et pratiquent la politesse et la gentillesse. L’apaisement et la sérénité favorisent le vivre bien ensemble même sans sexualité.
4ème cas : l’un ou l’autre ou les deux ont une aventure extra conjugale. Ils ne doivent pas se permettre de continuer à vivre une relation amoureuse avec relation sexuelle en période de confinement familial. Et c’est ici que le confinement sanitaire rend service à la morale conjugale.
Il est temps et c’est le moment d’apprendre à « sublimer », transformer notre énergie sexuelle en pratiquant un art, peinture, écriture, sculpture, musique, ou une action telle que le bricolage, le sport, les jeux de société etc…
Très modestement je vous invite à me contacter si vous ressentez le besoin de discuter de situations difficiles ou délicates, par téléphone au 05 62 93 78 00 ou par mail : am.wolsfelt@orange.fr
Politesse et gentillesse…
Mon dernier article « Toutes voiles dehors », c’était avant « la guerre ». L’érotisme dont je parle dans cet article est celui des couples qui désirent continuer à vivre ensemble et mettre en valeur une sensualité qui leur apporte excitation et plaisir.
Aujourd’hui, les couples sont confinés chez eux et ils n’ont pas le choix. Ils ne désirent peut être pas échanger des caresses, encore moins faire l’amour.
A ceux-là j’adresse un message avec quelques mots qui pourront les aider à vivre dans la promiscuité sans inconvénients : politesse et gentillesse.
Si la politesse et la gentillesse dans le couple n’aboutissent pas systématiquement à l’amour, du moins installent-elles apaisement et sérénité.
N’hésitez pas à me répondre ou à donner votre avis en m’envoyant un message sur am.wolsfelt@orange.fr.
A bientôt