La famille dite recomposée représente un important facteur d’évolution pour ce qui concerne la famille du futur.
Les deux parents de la nouvelle famille se sont choisis. Ils n’ont pas choisi de mettre au monde le ou les enfants de l’autre. Or parents et enfants vont vivre sous le même toit, à temps partiel ou à temps complet; le travail d’adaptation et d’apprivoisement de nouvelles personnes et de nouveaux comportements n’est pas facile ni automatique.
Il y a de quoi réfléchir, échanger, apprendre, préparer, organiser, briefer, débriefer… Le couple doit s’adapter aux impératifs d’une nouvelle parentalité mixte, qui inclut les enfants de l’un et les enfants de l’autre, et faire en sorte de favoriser la création de liens chaleureux. Cela nécessite une bonne dose de respect, d’ouverture d’esprit et de tolérance.
Si on ne parvient pas à installer cette convivialité, ce n’est pas catastrophique: la politesse et la diplomatie pourront prendre le relais. Là encore, il ne faut pas attendre la perfection: s’aimer tous et à tout prix. Ceci est vrai pour toutes les familles.
Il est nécessaire d’instaurer des réunions de façon systématique et régulière dans un souci de communication et d’organisation.
Nouvel apprentissage, nouvelle civilisation.
« S’inviter sous le même toit »
Quand la passion amoureuse est là, elle ne ment pas. Elle nous fait vivre des moments magiques, merveilleux, inoubliables. La vie en commun, la promiscuité, l’inévitable routine, l’usure du temps vont nous faire regretter les instants de passion et de fusion.
C’est là, au moment de cette prise de conscience, qu’il est nécessaire d’agir en essayant d’abord de comprendre ce qui nous arrive. La passion ne reviendra pas, il faut passer à autre chose : communiquer plus posément, s’inviter et prendre le temps d’exprimer ce que l’on ressent, notre peine, nos impatiences, nos frustrations, nos désirs. C’est un nouveau langage qui s’installe, plus individuel, plus égo – centré. Ce n’est pas la fin d’une histoire d’amour mais sa transformation en histoire d’amitié amoureuse dans laquelle nous devons faire le deuil de la fusion qui deviendrait destructrice si on veut la conserver.
Nous passons de l’expression d’émotions spontanées à une communication des émotions contrôlées par notre intelligence et notre créativité. Pour ce faire, n’hésitons pas à nous « inviter sous le même toit », afin de nous installer dans une vie de couple que nous désirons conserver dans la durée et la qualité.
Inventer un couple radicalement nouveau ?
Est-il nécessaire d’inventer un couple radicalement nouveau ? Nécessaire et urgent ! Ce couple nouveau, à la fois moins sacrificiel et plus solidaire, trouve sa source et son équilibre dans la valorisation, l’originalité et la créativité des individus.
Il réconcilie le masculin et le féminin dans la fabrication d’une meilleure équité conjugale et affective. Il incite chacun et chacune à s’engager dans une réflexion novatrice, une approche moins conventionnelle, plus en phase avec notre époque, qui part du principe que le couple doit se mettre à la portée de l’individu et non plus au service d’une institution. Il est un « plus » enrichissant pour les individus, et non plus un moyen de compenser leurs manques ou de fuir leur solitude existentielle…
Quand « Ça ne va pas », quand tous les jours fabriquent un peu plus d’ennui et d’insatisfactions, le signal d’alarme est très souvent l’expression du manque affectif et de communication. On ne trouve plus le temps de se poser, on ne fait plus attention à l’autre, on ne prend plus le temps de se câliner, mais surtout on ne se comprend plus, on ne se parle plus. Mais nous n’avons pas le recul nécessaire pour analyser la situation. Nous souffrons sans savoir quoi faire. Nous ne nous parlons plus ou pas assez pour essayer de résoudre le problème. Nous attendons trop longtemps avant de demander de l’aide.
Les couples viennent en thérapie de couple quand tout va mal : « Vous êtes notre dernière chance, nous sommes prêts à nous séparer. », alors qu’Ils devraient agir quand c’est juste moins bien : « Nous ne sommes pas aussi heureux qu’avant, on voudrait voir ce qui ne va pas… ». Ils pourraient à ce moment faire peser le poids de la mésentente sur un lien qui ne demande qu’à être dénoncé et modifié en fonction de leurs désirs.
Nous vivons une époque du « Tout en même temps, et très vite ! »
Nous sommes dans une époque du « tout en même temps et très vite ». Or, nous ne pouvons pas nous parler dans n’importe quelles conditions, hypnotisés par un écran ou concentrés sur autre chose. Nous devons revendiquer le droit de ne faire qu’une chose à la fois et pas trop vite. C’est un luxe nécessaire utile à la qualité de la communication dans le couple.
Choisissons et laissons libre et disponible des plages de temps pour ne rien faire et rêver, pour la séduction, les attentions, pour l’apprivoisement nécessaire aux invitations amicales, romantiques ou érotiques quand elles sont désirées de part et d’autre.
Si, dans le couple, nous ne prenons pas le temps et l’habitude d’échanger nos ressentis et nos idées régulièrement, nous ne serons pas en mesure d’aborder les aléas qui jalonnent notre chemin de vie : deuils, chômage et autres accidents.
Échanger nos joies et nos peines, nous accorder le temps et l’espace de la légèreté, la fantaisie, mais aussi de la tristesse et des chagrins, c’est nous octroyer le pouvoir d’inventer une communication privilégiée faite de réflexions, d’humour, de compassion et de tendresse.
L’homme et la femme, même combat ?
L’homme et la femme ont intérêt à s’allier pour déterminer ensemble de nouvelles valeurs. Cette réflexion devrait apaiser la polémique suscitée par le rapport de force entre un homme et une femme : domination et soumission.
Pour nous défaire de la domination masculine, ne faisons pas de l’homme un objet d’accusation mais un allié. L’homme subit lui aussi, à différents titres, des pressions mentales. Pour nous défaire de la soumission féminine, ne faisons pas de la femme un objet de victimisation mais une alliée. La femme est soumise à un rôle séculaire d’ordre culturel.
L’incessant combat homme/femme est lassant, stérile, dépassé. Même si certains hommes exercent encore une suprématie sur la femme, un bon nombre d’entre eux la désapprouve. Arrêtons de faire peser le poids de la domination et de la soumission exclusivement sur une identité sexuelle. Déplaçons le combat homme / femme, en combat hommes et femmes contre la tradition et les rôles sexués.