Au bout de quelques années de vie commune, il nous arrive bien souvent de penser que notre compagnon ou notre compagne ne nous apporte plus rien ou très peu. On attend de l’autre qu’il ou elle nous insuffle joie de vivre, courage, évolution positive. Notre insatisfaction, notre frustration nous poussent à nous tourner vers d’autres personnes pour combler nos manques, mais le manque réapparaîtra une nouvelle fois, plus ou moins vite et tout sera à recommencer après chaque rencontre. Nous cherchons « l’homme ou la femme de ma vie ». le sentiment d’insatisfaction est récurrent et fait partie de nous, quoi que nous fassions et quelle que soit la personne qui partage notre vie. Il faut donc apprendre à nous satisfaire de notre condition et de notre capacité à évoluer ; ne pas faire peser sur le lien du couple la responsabilité de notre « bonheur individuel ». Même dans le couple nous pouvons nous sentir très seuls. C’est une évidence pour la majorité des couples.
La survie du couple est conditionnée par un échange régulier entre deux individualités différentes. Complicité, dialogue, communication des émotions conditionnent la survie et la durée de la vie de couple.
Accepter que l’AUTRE ne soit pas un TOUT mais un « PLUS ».
Notre propre évolution dépend surtout de notre individualité.
L’évolution du couple dépend de notre capacité à communiquer avec l’autre et nous suffire d’une complémentarité imparfaite.
La médiation conjugale permet de construire une nouvelle façon de vivre ensemble en réinventant et revisitant à deux, la forme et le sens de notre vie commune.
Accéder à la médiation d’un thérapeute
C’est une démarche encore mal comprise, mal interprétée. Certains pensent : « Je ne suis pas malade ! ». La mésentente dans le couple n’est pas une maladie. Les personnes qui viennent à mon cabinet ne sont pas des malades ; elles souffrent dans leur vie relationnelle de couple. Elles ont le courage de prendre le temps de réfléchir sur la façon de résister à un environnement qui souvent les dérange et les éloigne de leur véritable identité et de leurs projets. Elles ont de surcroît l’intelligence de penser que c’est par la réflexion sur soi qu’elles acquerront les moyens de devenir autonomes et de réfléchir sur l’autonomie et le bien-être de leur couple.
Nous travaillons ensemble dans une dynamique de pensées, d’idées, de propositions, d’informations. Je fais en sorte que nos échanges soient valorisants, enrichissants et qu’ils respectent l’altérité et le devenir de chaque personne.
Depuis une dizaine d’années, un nouveau type de demandes de thérapie de couple est apparu. Plutôt qu’un sauvetage in extremis du couple, la demande consiste en une recherche de mieux-être et de construction : « Nous sommes venus pour améliorer notre relation » ou « Nous avons décidé de rester ensemble, mais nous voulons changer notre manière de vivre ensemble ». De plus en plus de couples de tous âges s’autorisent à remettre en question la monotonie de leurs habitudes, et à fabriquer à deux un renouveau organisationnel et affectif.
Nous ne nous aimons plus passionnément comme lors de notre rencontre mais nous sommes bien ensemble. Il n’est pas besoin de dire « Je t’aime » ou « Je ne t’aime pas » mais juste: « Je suis bien avec toi ».
FeaturedLa médiation sexuelle
Elle se situe au moment où la passion amoureuse laisse place à moins de désir et moins de romantisme dans le couple. Il s’agit de la difficulté à créer des situations propices au désir et à l’excitation parce qu’on voit tous les jours et la routine fait son œuvre de désenchantement. Elle vise à résoudre un malentendu sexuel dans lequel chaque personne se sent frustrée par le comportement de l’autre. C’est le quiproquo sexuel (traité dans d’autres articles) et dans mon essai: « A nous deux, le couple! » La médiation sexuelle se situe en aval de la passion amoureuse, quand le temps a fait son œuvre d’usure, que chacun·e reproche à l’autre, qui, un manque de romantisme, qui, un manque de désir et tous deux un manque de spontanéité : « Il ou elle n’est plus comme avant »… La médiation sexuelle combat l’ignorance et les idées reçues qui sont légion dans ce domaine. Elle est un lieu privilégié où l’érotisme se parle, un espace d’acquisition de connaissances, d’apprentissage de sa sensualité et de celle de l’autre, d’écoute et d’expression des ressentis, des émotions et des découvertes de chacun·e. La communication émotionnelle joue ici un rôle central mais difficile pour deux raisons: — Notre vocabulaire érotique est trop pauvre pour exprimer un désir et une sensualité propres à chacun et chacune de nous. — « Ces choses-là ne se disent pas ». C’est tabou. La médiation sexuelle ouvre délicatement le champ des possibles dans la communication du vécu intime au sein du couple. |
Featured« J’attends de lui plus de patience, plus de tolérance »
C’est une phrase très souvent exprimée dans le cadre du couple qui dure et de la sexualité.
» Il voudrait que je le désire quand lui me désire. Il me reproche de ne pas l’aimer comme lui m’aime. Et quand je lui demande d’être gentil avec moi, il me tourne le dos ou se fâche et me fait la tête « .
L’homme a besoin de faire l’amour pour être tendre et la femme a besoin de tendresse pour faire l’amour.
Les accusations fusent de part et d’autre alors qu’il suffirait de parler de nos différences physiques, émotionnelles, sensuelles pour trouver un terrain d’entente. Bien entendu cela requiert patience et tolérance à condition que l’homme et la femme communiquent leurs ressentis personnels.
Faire l’amour n’est pas un acte mais un chemin, un voyage à deux dans la découverte de soi et de l’autre.
Etre curieux, curieuse. Prendre le risque d’être maladroit.e, de commettre une erreur, attendre de l’autre un parcours parfait, rechercher l’orgasme à tout prix et bâcler la sensualité, l’intuition des gestes, la douceur, la délicatesse, le respect de l’autre.
Les réactions sexuelles de l’homme et de la femme sont différentes. Malheureusement on ne nous l’apprend pas, on en parle pas. Quand on parle d’amour, on fait toujours référence à la passion amoureuse qui nous fait croire que nous sommes semblables. Mais la passion ne dure pas et on ne nous donne pas les clés pour l’après passion. ( référence à « La balade érotique » dans mon essai: « A nous deux, le couple » publié en 2019 )
FeaturedPlaidoirie pour le couple
Gardons le cap sur le couple. Parce que je crois que c’est lui qui nous sauvera. « Le couple est la civilisation minimale – le contraire de la guerre, l’antidote de la mort » écrit André Comte-Sponville. J’aime bien cette expression : « la civilisation minimale » et je l’interprète de cette façon : le couple est le plus petit groupe sociétal à la fois représentant et miroir de notre civilisation. Quelle responsabilité !
De mon fauteuil d’écoute, je m’intéresse à ce couple qui reflète avec fidélité la complexité et l’évolution de notre société.
—J’observe le couple dans son désarroi , essayant de s’adapter à la complexité d’une évolution technologique, économique, sociétale. Exposé aux invectives des moralisateurs et prôné par les partisans du « super couple ». Partagé entre les idées reçues, croyances diverses et variées du couple du XIXe siècle (rôles sexués de l’homme et de la femme) et les impératifs présents ( redistribution de ces mêmes rôles en fonction des choix et des compétences de chacun-e).
—J’observe le couple dans son désir de « normalité ». Normal signifie pour eux : bons parents, belle maison en ordre, complicité bienveillante, sensualité et sexualité partagées. Mission impossible ? Comment, dans les conditions actuelles le couple pourrait-il assumer deux professions, tenir une maison, élever un, deux ou trois enfants, laisser à chacun-e un peu de temps et d’espace et être « normal » ? Les couples qui veulent bien faire n’en peuvent plus ! Ils n’y arrivent pas. Malgré toute leur bonne volonté ils se sentent confinés dans leurs multifonctions, épuisés, impuissants face à l’injonction sociétale du «conjugalement normal ».
—J’observe le couple dans son désir de changement, d’inventivité, de construction . Certains-es travaillent d’arrache-pied dans nos cabinets de thérapie de couple et de sexologie pendant des semaines ou des mois à la transformation de leur vie de couple. Ils font ce constat : « Il faudrait que tout le monde sache que l’on peut tout remettre en question et qu’il est en notre pouvoir, individuellement et à deux, d’interagir sur une relation de couple et en conséquence sur notre bien-être individuel « .