Quand on atteint une certaine stabilité et que la passion n’est plus là, le couple s’ennuie. Le confort, la sécurité, refoulent l’élan amoureux dans un puits sans fond d’ennui et de mélancolie. J’entends souvent : « Nous avons tout pour être heureux… mais nous ne le sommes pas ».
Quel est ce TOUT dont ils parlent ? S’agit-il d’un mélange de stabilité, de sécurité et de confort matériel ? La sécurité et la stabilité anesthésient l’amour et le désir. Je vois les maisons se construire et les couples se déconstruire à la même vitesse.
Quand la maison est terminée nous sommes déjà vieux. Nous sommes épuisés, nous ne jouons plus, nous ne nous parlons même plus. Nous ne faisons plus attention l’un à l’autre.
Quelque chose a disparu, de précieux, d’unique, de passionnant : la curiosité vers soi et vers l’autre.
Pourquoi est-ce si difficile ?
Il existe un profond décalage entre le fantasme d’une vie de couple idéalisée et la réalité du quotidien conjugal. Ce fantasme est alimenté par les médias qui proposent comme une normalité culpabilisante et dévalorisante le couple harmonieux, amoureux et de longue durée.
Comme au début de la passion amoureuse, on veut à tout prix garder en nous cette sensation de communication parfaite, sans nuage, ce désir d’être à côté de l’autre parfaitement heureux. À partir de la première incartade de l’un ou de l’autre, panique à bord. C’est l’étonnement puis la déception.
La vie de couple est un art qui s’apprivoise, ce n’est pas quelque chose de naturel. C’est un apprentissage remis en question régulièrement au cours du chemin conjugal et chaque fois que l’un-e ou l’autre en émet le désir.
C’est une entreprise surhumaine et contre nature pour certains, la seule qui mérite d’être tentée pour les autres. Si on mettait autant d’énergie et de plaisir à construire le couple qu’à bâtir une maison, l’issue serait toute trouvée.
« Le couple nouveau »
Le couple nouveau, à la fois moins sacrificiel et plus solidaire trouve sa source et son équilibre dans la valorisation de l’individu et son pouvoir de créativité.
Il invite chacun et chacune à s’engager dans une réflexion nouvelle, une approche moins conventionnelle, en phase avec notre époque.
En sortant des sentiers battus du couple traditionnel, le couple nouveau est plus respectueux de notre présent. Il réconcilie le masculin et le féminin dans la fabrication d’une meilleure équité conjugale et affective.
Le couple nouveau sera un plus et non un moyen de compenser un manque.
C’est une entreprise qui mérite d’être tentée quand la passion amoureuse fait place à l’amitié amoureuse.
L’affirmation du « je » ne signe pas la mort du couple
Le bonheur familial mettait en valeur l’individu à travers l’image stéréotypée du « bon père » et de la « bonne mère ». L’évolution individuelle était souvent considérée comme incompatible avec les résolutions et les impératifs du couple dans la durée et la famille.
À l’encontre des nostalgiques du sacrifice inhérent à la vie de couple, ce qui importe aujourd’hui est d’être heureux soi-même. Le renforcement de la confiance individuelle et l’estime de soi sont trop souvent considérés comme un repli sur soi provoqué par la méconnaissance ou la peur de l’autre.
Il n’est pas nécessaire de sacrifier le « je » ou le « nous » mais d’enrichir l’un par l’autre en commençant par soi car le « je » était là avant le « nous ». En prenant soin de soi, chaque personne contribue à un échange conjugal de qualité, une écoute et une communication émotionnelles plus authentiques.
Je propose un travail d’adaptation entre « l’égoïsme positif » (prendre soin de soi) et le « lien » du couple (lien conjugal, affectif, érotique et parental). Les entretiens individuels sont indispensables à la reconstruction du couple en favorisant la créativité individuelle.
Un été en paroles
Prenons-nous le temps de nous asseoir ? Prenons-nous le temps de nous parler l’un à côté de l’autre ou l’un en face de l’autre, autour d’une table, installés confortablement ? Laissons à la parole le temps et l’espace qu’elle mérite parce qu’elle est le lien entre nos deux intelligences. S’inviter sous le même toit pour marquer ainsi l’importance de la présence de chacun-e ici et maintenant, dans la même maison.
Fin d’un été : vacances ou travail, peut-être changement de rythme, changement de lieu, lâcher-prise ou non, ressentis différents, contentement ou déception, remise en forme ou fatigue, distractions ou ordinaire. Nous pourrions parler de ce que nous avons vécu même si nous l’avons vécu ensemble. Nous n’avons sûrement pas ressenti les mêmes choses en même temps. Nous aurons des émotions et des mots différents devant le même coucher de soleil.
Il est fréquent que l’on confonde émotion et opinion, surtout dans le couple. On peut discuter sur une opinion et ne pas avoir le même avis. L’émotion est intouchable, on ne peut ni la changer, ni la juger, ni la remettre en question. Elle est. Des émotions différentes peuvent provoquer des conflits dans le couple car chacun-e voudra avoir raison pour quelque chose qui n’est pas de l’ordre du raisonnable mais du ressenti. Combien de souffrances et de conflits seraient évités si on pouvait écouter l’autre dans ses émotions sans les comparer aux nôtres !
« Que c’est beau ! », « Non, je ne suis pas d’accord ! »… et ça commence !
Ne pas laisser l’été sans paroles.