Qu’est-ce que le quiproquo sexuel ?
Dans le couple qui dure, chacun-e attend de l’autre un comportement sexuel et affectif idéal et immuable. Or le temps qui passe, la promiscuité et la routine opèrent progressivement un travail de sape qui ronge le merveilleux de la rencontre et cache les évidences de la réalité : l’homme et la femme perdent l’élan magique qui les poussait l’un vers l’autre. Ils font l’amour moins souvent et l’homme le déplore. Ils sont moins romantiques et la femme le déplore. Dans le quiproquo sexuel, il y a « erreur sur la personne ». L’homme croit que la femme dont il est tombé amoureux exprimera indéfiniment son désir sexuel de la même façon qu’au début de leur passion, spontanément et fréquemment. La femme croit que l’homme dont elle est tombée amoureuse exprimera indéfiniment séduction et romantisme de la même façon qu’au temps de leur rencontre, spontanément et fréquemment. Tous deux expriment avec moins d’enthousiasme le plaisir d’être ensemble. Il y a moins de désir de jeux, moins de réciprocité dans la curiosité, moins de joie de vivre. Ils s’accusent l’un l’autre de ne plus s’aimer autant – ce qui est vrai – mais n’osent jamais exprimer : « Je t’aime moins, mais je veux rester avec toi. » Cette phrase peut-elle être audible sans provoquer un tsunami affectif ?
(Du même auteur : Anne Marie Wolsfelt. Extrait du livre « A nous deux, le couple ! » publié en mai 2019 par les Editions Le Solitaire)
Les scènes de ménage n’émanent pas de la raison
On n’est pas d’accord et chacun-e pense qu’il ou elle a raison. On en est tellement convaincu-e que le conflit est inévitable ; mais ce sera un conflit sans aboutissement, sans résolution du problème. Celui ou celle qui aura le dernier mot aura gagné. La scène de ménage n’est pas un dialogue. Ce sont deux monologues qui se croisent sans jamais se rencontrer. Et c’est pour cette raison que la violence s’installe, pour que la rencontre se fasse à tout prix ! L’impuissance de convaincre avec les mots entraîne la rencontre des corps. « Je ne peux pas te faire entendre raison avec mes mots, mes mots ne sont pas assez frappants pour te convaincre, alors je vais te frapper avec mon corps. »
Les gestes vont tenter d’accomplir ce qu’un dialogue inexistant laisse inaccompli : un véritable échange. Les coups tentent de remplacer les mots. C’est un déchaînement de colère, de cris, de pleurs des deux côtés mais ce n’est toujours pas un dialogue de raison.
Et cet état de faits ne résoudra rien ni d’un côté ni de l’autre.
Celui ou celle qui aura le dernier mot aura l’impression de vaincre, d’avoir gagné, d’avoir raison. Sentiment fugace de supériorité vite remplacé par un sentiment de culpabilité.
Attendons que les passions s’apaisent…
Assaillons-nous autour d’une table et parlons doucement de nos inévitables mais riches différences.
1er Colloque – l’après-midi du couple
REPORT en 2021
Retrouvez ci-dessous toutes les informations sur le 1er Colloque organisé par l’Association « A nous deux, le couple ! ».
Exit le langage des mains et du sourire ?
Qu’en est-il de la perte momentanée ou durable, nous ne savons pas encore, de ce sens si vital que représente pour nous, thérapeutes sexologues, le « toucher » ?
Qu’en est-il de « la poignée de main » lors de l’accueil de mes impatients-tes ? Se serrer la main est interdit. Pourtant ce premier geste partagé entre une personne ou un couple et son thérapeute est porteur de rassurance et d’empathie. Il symbolise dans notre culture latine, un accueil chaleureux, et dans notre éthique professionnelle, un accord de principe : « Je vous reçois pour répondre à votre attente de soin ». Ce langage des mains, ce « passage de relais » lors d’une nouvelle rencontre me manque et manque à mes impatients-tes. Instinctivement nous nous surprenons à amorcer le geste de tendre la main, mais très vite l’élan est interrompu par l’interdit, la raison. Je dis, comme pour m’excuser: « Nous n’avons pas le droit… mais le cœur y est. » Les mots tentent de remplacer le geste. Je laisse à la personne que je reçois le soin de décider que nous portions le masque ou pas. Un bureau nous sépare, qui matérialise à la fois la bonne distance sanitaire et l’espace octroyé au respect des personnes et des mots ; concordance positive. Au bout de quelques minutes d’entretien, la personne en face de moi, enlève son masque. Pour mieux respirer ? Pour parler plus librement ? Pour ne pas masquer ses émotions ? Son mieux-être est visible. Elle pose son masque, s’installe plus confortablement et sourit. Le sourire, comme une invitation à continuer l’entretien, à s’autoriser l’expression de ses émotions.
N’oublions pas que le masque (notamment au théâtre) est la métaphore d’une attitude trompeuse. Qui que nous soyons ressentons un malaise face à cet objet. Instinct de conservation et désir de relation humaine se confrontent dans nos pensées et nos actes. La bonne distance, qu’elle soit à but sanitaire, dans le couple, ou dans la relation thérapeutique est le lieu du dialogue, de la médiation et du respect.
Pourrions-nous à l’avenir attribuer à ces « gestes barrière » une deuxième mission d’ « ouverture » et inventer de nouveaux comportements relationnels ?
« Le réel est à prendre ou à laisser… Mieux vaut agir que trembler. » Extraits du livre « Contre la peur » auteur : André Comte Sponville.