Prendre soin de soi, avoir confiance en soi, nous permet de ne pas peser sur l’autre. Individuellement nous sommes responsable de notre propre chemin et de ses effets sur le lien du couple. Il s’agit d’un individualisme solidaire. On ne laisse pas l’autre sur le côté de la route mais pour autant on ne fait pas le chemin à sa place.
Tout partager cache souvent un besoin de l’autre étouffant. Ce n’est pas par amour mais par besoin et manque d’initiative. Nous attendons souvent de l’autre une entraide et un soutien sans faille, réminiscence de la phase passionnelle. Nous nous complaisons dans l’attente que l’autre devine nos besoins et nos désirs et les réalise à notre place.
Si je suis bien dans ma peau je serai mieux à même de contribuer à créer un lien de couple serein et solide_ à condition que je sache ce que je ne veux pas, ce que je veux, et que je l’exprime. Nous pouvons bâtir des passerelles entre un « égoïsme positif » qui prend soin de soi et les projets du couple et de la famille.
Apprenons à communiquer. La communication remplace la divination…avec beaucoup plus de résultats!
Pourquoi la passion s’arrête-t-elle?
Je me demande si la nature n’a pas inventé la passion amoureuse pour assurer la survie de l’espèce. Car la passion ne dure souvent que le temps de mettre un enfant au monde.
Les composantes de la passion sont aussi les instruments de sa destruction: croire que le sentiment amoureux de part et d’autre durera toujours, croire que le désir sexuel sera toujours aussi intense( en particulier pour la femme), croire que personne ni aucun évènement extérieur ne sera un obstacle; vouloir très vite, trop vite, ne plus se quitter, vivre ensemble dans la même maison et tout partager. C’est à ce moment-là quand on entre en vie de couple, que commence la lente et insidieuse décomposition de la passion parce que nous nous lançons aveuglément dans un fourre-tout prêt à porter et prêt à vivre dans lequel nous jetons pêle-mêle passion amoureuse, besoins matériels, partage (équitable ou pas ) des tâches, des charges et des responsabilités.
La situation devient difficile. Arrêtons-nous, réfléchissons, passons de la passion à l’action, du magique » amour- toujours » au probable « amour quelques fois ».
La passion et la fusion s’arrêtent mais l’amour des différences peut durer.
« S’inviter sous le même toit »
Quand la passion amoureuse est là, elle ne ment pas. Elle nous fait vivre des moments magiques, merveilleux, inoubliables. La vie en commun, la promiscuité, l’inévitable routine, l’usure du temps vont nous faire regretter les instants de passion et de fusion.
C’est là, au moment de cette prise de conscience, qu’il est nécessaire d’agir en essayant d’abord de comprendre ce qui nous arrive. La passion ne reviendra pas, il faut passer à autre chose : communiquer plus posément, s’inviter et prendre le temps d’exprimer ce que l’on ressent, notre peine, nos impatiences, nos frustrations, nos désirs. C’est un nouveau langage qui s’installe, plus individuel, plus égo – centré. Ce n’est pas la fin d’une histoire d’amour mais sa transformation en histoire d’amitié amoureuse dans laquelle nous devons faire le deuil de la fusion qui deviendrait destructrice si on veut la conserver.
Nous passons de l’expression d’émotions spontanées à une communication des émotions contrôlées par notre intelligence et notre créativité. Pour ce faire, n’hésitons pas à nous « inviter sous le même toit », afin de nous installer dans une vie de couple que nous désirons conserver dans la durée et la qualité.
Inventer un couple radicalement nouveau ?
Est-il nécessaire d’inventer un couple radicalement nouveau ? Nécessaire et urgent ! Ce couple nouveau, à la fois moins sacrificiel et plus solidaire, trouve sa source et son équilibre dans la valorisation, l’originalité et la créativité des individus.
Il réconcilie le masculin et le féminin dans la fabrication d’une meilleure équité conjugale et affective. Il incite chacun et chacune à s’engager dans une réflexion novatrice, une approche moins conventionnelle, plus en phase avec notre époque, qui part du principe que le couple doit se mettre à la portée de l’individu et non plus au service d’une institution. Il est un « plus » enrichissant pour les individus, et non plus un moyen de compenser leurs manques ou de fuir leur solitude existentielle…
Quand « Ça ne va pas », quand tous les jours fabriquent un peu plus d’ennui et d’insatisfactions, le signal d’alarme est très souvent l’expression du manque affectif et de communication. On ne trouve plus le temps de se poser, on ne fait plus attention à l’autre, on ne prend plus le temps de se câliner, mais surtout on ne se comprend plus, on ne se parle plus. Mais nous n’avons pas le recul nécessaire pour analyser la situation. Nous souffrons sans savoir quoi faire. Nous ne nous parlons plus ou pas assez pour essayer de résoudre le problème. Nous attendons trop longtemps avant de demander de l’aide.
Les couples viennent en thérapie de couple quand tout va mal : « Vous êtes notre dernière chance, nous sommes prêts à nous séparer. », alors qu’Ils devraient agir quand c’est juste moins bien : « Nous ne sommes pas aussi heureux qu’avant, on voudrait voir ce qui ne va pas… ». Ils pourraient à ce moment faire peser le poids de la mésentente sur un lien qui ne demande qu’à être dénoncé et modifié en fonction de leurs désirs.
Nous vivons une époque du « Tout en même temps, et très vite ! »
Nous sommes dans une époque du « tout en même temps et très vite ». Or, nous ne pouvons pas nous parler dans n’importe quelles conditions, hypnotisés par un écran ou concentrés sur autre chose. Nous devons revendiquer le droit de ne faire qu’une chose à la fois et pas trop vite. C’est un luxe nécessaire utile à la qualité de la communication dans le couple.
Choisissons et laissons libre et disponible des plages de temps pour ne rien faire et rêver, pour la séduction, les attentions, pour l’apprivoisement nécessaire aux invitations amicales, romantiques ou érotiques quand elles sont désirées de part et d’autre.
Si, dans le couple, nous ne prenons pas le temps et l’habitude d’échanger nos ressentis et nos idées régulièrement, nous ne serons pas en mesure d’aborder les aléas qui jalonnent notre chemin de vie : deuils, chômage et autres accidents.
Échanger nos joies et nos peines, nous accorder le temps et l’espace de la légèreté, la fantaisie, mais aussi de la tristesse et des chagrins, c’est nous octroyer le pouvoir d’inventer une communication privilégiée faite de réflexions, d’humour, de compassion et de tendresse.