La médiation sexuelle se situe à la confrontation de deux univers érotiques bien distincts : celui de la passion amoureuse et celui du couple dans la durée.
Elle vise à résoudre le quiproquo sexuel (voir autres articles du blog sur le quiproquo sexuel )
La médiation sexuelle se situe donc en aval de la passion amoureuse, quand le temps a fait son œuvre d’usure, que chacun·e reproche à l’autre, qui, un manque de romantisme, qui, un manque de désir et tous deux un manque de spontanéité : « Il ou elle n’est plus comme avant »…
La médiation sexuelle combat l’ignorance et les idées reçues qui sont légion dans ce domaine. Elle est un lieu privilégié où l’érotisme se parle, un espace d’acquisition de connaissances, d’apprentissage de sa sensualité et de celle de l’autre, d’écoute et d’expression des ressentis, des émotions et des découvertes de chacun·e.
La médiation lexicale (vue précédemment) joue ici, elle aussi, un rôle central, car notre vocabulaire érotique est trop pauvre pour exprimer un désir et une sensualité propres à chacun.
La balade érotique pour donner et prendre sans comparer ni attendre …
Le mot de balade exprime l’initiative sans l’impatience, le lâcher prise sans l’attente, la lenteur sans la lourdeur, la préméditation sans l’empressement, le plaisir de découvrir et de jouir de l’instant.
La balade érotique n’est pas un « acte sexuel » mais un « bien-être sensuel ».
Caresses et émotions s’entremêlent et, en même temps, longuement, tissent le lien de nos désirs de vivre avec délectation. Eternel recommencement et toujours différent, car l’intuition des gestes n’est jamais la même. Comme si notre érotisme renaissait chaque fois que nous faisons l’amour.
L’érotisme du couple dans la longue durée n’est pas une fonction que l’on déclencherait en claquant des doigts. Il n’arrive pas à l’improviste. On y pense, on l’attend, on le cherche, on le prémédite, on le prépare et on se prépare.
Tout en prenant le risque que l’autre ne soit pas au rendez-vous, que l’autre ne soit pas dans les mêmes dispositions. Mais cette prise de risques est indispensable, si on désire, quelques fois, se rencontrer et échanger tendresse, désir, plaisir.
Adopter l’aventure de la balade érotique permettrait à l’homme et à la femme de respecter leurs différences de réactions sexuelles et de chemins érotiques.
Rien n’est figé ou obligatoire, c’est le propre même de la balade et de l’aventure.
Sommes-nous prêts, dans le couple, à nous engager dans une voie érotique, sans autre issue que l’échange de nos différences et de nos deux incertitudes ?
Quand la magie de la passion opère
L’homme croit que la femme dont il est tombé amoureux exprimera indéfiniment son désir sexuel de la même façon qu’au début de leur passion, spontanément et fréquemment. La femme croit que l’homme dont elle est tombée amoureuse exprimera indéfiniment séduction et romantisme, de la même façon qu’au temps de leur rencontre, spontanément et fréquemment.
Quand nous entrons en vie de couple, les composantes de la passion vont, en s’amenuisant puis en disparaissant, devenir les instruments de sa destruction. Quand la passion perd de son intensité, la communication des émotions et le désir sexuel ne se vivent plus dans la simultanéité ni dans la similarité. C’est ce constat qui, lentement, s’insinue et fait peur. La spontanéité réjouie s’étiole et le désir sexuel de l’homme et de la femme se différencient et amorcent un décalage dans le temps et dans l’intensité.
C’est au début de la vie en couple que commence la lente et insidieuse décomposition de la passion parce que nous nous lançons aveuglément dans un fourre-tout prêt-à-porter et prêt- à- vivre dans lequel nous jetons pêle-mêle passion amoureuse, besoins matériels, partage (équitable ou pas) des tâches et des responsabilités…
Le temps qui passe, la promiscuité et la routine opèrent progressivement un travail de sape qui ronge le merveilleux de la rencontre et cache les évidences de la réalité : habitudes, lassitude et ennui.
L’homme et la femme perdent l’élan magique qui les poussait l’un vers l’autre. Ils font l’amour moins souvent et l’homme le déplore. Ils sont moins romantiques et la femme le déplore.
De jour en jour l’enthousiasme communicatif s’étiole. On ne joue plus, on est moins curieux, on ne se surprend plus, on ne rit plus. On voudrait encore partager alors qu’il faudrait apprendre à échanger. Nous ne sommes plus les mêmes, nous sommes différents. Ce constat n’est pas évident pour tout le monde.
Parce qu’ échanger le « différent » est plus difficile que partager le « même ».
« Je t’aime moins, mais je veux rester avec toi ». Cette phrase est-elle audible sans provoquer un tsunami affectif ?
Mais c’est le langage de la passion ou rien !
Le totalitarisme affectif fait loi :« S’aimer moins n’est pas normal, je me suis trompée, ce n’est pas l’homme ou la femme de ma vie ».
Ils se sentent désemparés. Ils sont encore attachés l’un à l’autre, mais ils pensent que ce n’est pas suffisant pour continuer à vivre ensemble.
On ne leur a pas expliqué que le désir masculin est inné qu’il y ait passion ou pas et que le désir féminin est inné uniquement dans le temps de la passion mais à fabriquer dans la continuité du couple.
L’homme et la femme doivent devenir acteur de leur sexualité et ne plus attendre en vain une spontanéité soit disant partagée.
Les différences de chacun.e vont enfin enrichir un érotisme réinventé !
C’est mieux que la magie !
Et la fidélité sexuelle?
Dans la nature il n’y a pas d’exclusivité sexuelle sauf rares exceptions. Le seul impératif est la survie de l’espèce.
Le mâle est programmé pour féconder plusieurs femelles et la femelle est programmée pour être fécondée par plusieurs mâles.
On ne sait pas qui est le père du petit à naître.
L’homme a inventé et installé l’exclusivité sexuelle, la fidélité, pour un souci de paternité.
A partir de cette injonction sociétale, l’homme naturellement polygyne et la femme naturellement polyandre se voient moralement dans l’obligation de refreiner leur pulsion animale pour rester fidèles dans leur couple.
C’est plus difficile pour certains.es que pou d’autres.
La fidélité sexuelle n’est pas une évidence ni une normalité.
On peut être fidèle sexuellement par souci personnel de sécurité, tranquillité, respect de la loi.
La fidélité peut être également le fruit d’un choix mûrement réfléchi de part et d’autre.
La fidélité sexuelle est un concept dans lequel s’affrontent animalité, intellect et sentiments.
Stratégie possible et vivement conseillée
1 Garder une communication ouverte
Conf. Livre « A nous deux, le couple! » : « S’inviter sous le même toit, s’assoir autour d’une table, papier crayon … »
2 Mettre du piquant dans la séduction (regards, étonnements, surprise ….)
Conf. Livre : « A nous deux, le couple! » : « La Balade Erotique »
3 Parler librement des tentations que l’un, l’autre ou les 2 ressentent par rapport à d’autres personnes. Cela demande une ouverture d’esprit particulière mais le couple y gagnera car c’est une bonne façon d’amoindrir les tentations.
L’érotisme, la dimension humaine de la sexualité
Pour les femmes, il n’y a pas d’intimité sans dialogue ni partage verbal.
Elles recherchent plutôt l’étroitesse des liens ou même la dépendance.
Pour les hommes, côtoyer le conjoint sans échanger de parole constitue tout de même un partage, partage de temps, partage d’intérêt.
Les hommes privilégient ainsi l’autonomie, l’indépendance et même la solitude, mais il faut que l’autre, sa compagne, ne soit pas trop loin.
La femme ne prend pas assez au sérieux ses propres exigences érotiques et affectives. Elle ne sait pas « imposer » son désir du désir, là où tout se joue, là où tout s’apprivoise, se fabrique, s’invente, s’imagine, se crée.
L’acte sexuel en tant que tel (génital) n’est pas désirable. Le « câlin » est désirable.
L’homme est également souvent piégé par ses propres réactions sexuelles (érection) dont il ne sait comment se « dépatouiller » alors qu’il désire, lui aussi, lenteur, douceur, et durée de la sensualité pour plus de délectation dans le plaisir… bref, plus d’érotisme …