Dans le couple qui dure, chacun-e attend de l’autre un comportement sexuel et affectif idéal et immuable. Or le temps qui passe, la promiscuité et la routine opèrent progressivement un travail de sape qui ronge le merveilleux de la rencontre et cache les évidences de la réalité : l’homme et la femme perdent l’élan magique qui les poussait l’un vers l’autre. Ils font l’amour moins souvent et l’homme le déplore. Ils sont moins romantiques et la femme le déplore. Dans le quiproquo sexuel, il y a « erreur sur la personne ». L’homme croit que la femme dont il est tombé amoureux exprimera indéfiniment son désir sexuel de la même façon qu’au début de leur passion, spontanément et fréquemment. La femme croit que l’homme dont elle est tombée amoureuse exprimera indéfiniment séduction et romantisme de la même façon qu’au temps de leur rencontre, spontanément et fréquemment. Tous deux expriment avec moins d’enthousiasme le plaisir d’être ensemble. Il y a moins de désir de jeux, moins de réciprocité dans la curiosité, moins de joie de vivre. Ils s’accusent l’un l’autre de ne plus s’aimer autant – ce qui est vrai – mais n’osent jamais exprimer : « Je t’aime moins, mais je veux rester avec toi. » Cette phrase peut-elle être audible sans provoquer un tsunami affectif ?
(Du même auteur : Anne Marie Wolsfelt. Extrait du livre « A nous deux, le couple ! » publié en mai 2019 par les Editions Le Solitaire)