« On s’aime et notre vie est ensemble ». C’est avec cette phrase que les couples viennent demander de l’aide. « Malgré les années, la durée, malgré nos disputes de plus en plus fréquentes, malgré nos relations sexuelles de plus en plus rares, malgré notre éloignement, malgré la divergence de nos chemins… nous voulons rester ensemble. »
Tous les articles que je pourrais écrire devraient commencer par la même phrase. Les réponses à ce désir du couple se répartissent sur les cinq niveaux d’échanges du couple : spirituel, intellectuel, affectif, conjugal et sexuel. Aujourd’hui je vais essayer de répondre, partiellement, bien entendu, à la demande la plus fréquente qui concerne la sexualité.
Au bout de quelques mois ou quelques années le désir sexuel « magique » de la rencontre a disparu laissant le couple ou une des deux personnes du couple dans le désarroi, la déception, alors que les deux personnes s’aiment encore. L’un dénonce sa frustration sexuelle : « C’est toujours moi qui demande et toi tu fuis, tu n’as jamais envie ». L’autre dénonce sa frustration affective ou « romantique » : « Tu ne fais plus attention à moi, tu ne cherches plus à me faire plaisir ». Chacun essaye de deviner le pourquoi du comportement de l’autre. « Tu es un obsédé, tu n’es gentil que cinq minutes avant de faire l’amour, c’est parce que tu ne m’aimes plus ». « Tu es frigide ou tu ne m’aimes plus, ou tu as quelqu’un d’autre ». Tout ceci avec, des deux côtés, un sentiment d’impuissance, de culpabilité et d’isolement.
Le couple dans la durée est un véritable défi à la nature pour ce qui concerne le désir sexuel.
Le désir sexuel prend sa source dans la nouveauté, l’étrange, le surprenant, le différent, l’inhabituel mais aussi dans l’imagination, la curiosité, l’anticipation, la créativité… tout ce qui me fait dire que la sexualité humaine est un art. Quand le désir « magique » diminue et disparaît, cela est naturel. Le retrouver implique de le fabriquer, de l’inventer, de le façonner. N’attendons pas la spontanéité de la magie du coup de foudre et passons à ce que j’appelle « la ballade érotique » : on part à l’aventure, on part en ballade à travers les sens et dans tous les sens, on ne sait pas où on va dans le dédale du sensoriel et du sensuel, à la rencontre de soi-même et de l’autre. Le ressenti est tour à tour roi et sujet, actif et passif, maître et esclave. La ballade érotique est le territoire de l’inattendu du « On ne sait pas où on va ». Tout peut arriver et il se peut aussi que rien ne se passe de ce que l’on attendait de soi-même ou de l’autre.
C’est grâce à cette notion de ballade que le désir apparaît parce que rien n’est obligatoire au nom de l’amour !!!! Lâchons prise, démolissons les stéréotypes sexuels et en particulier celui qui relie systématiquement le désir sexuel à l’amour… quand nous parlons de l’art de la sexualité c’est-à-dire d’érotisme. L’amour sert de liant à l’érotisme mais il ne peut pas tout et surtout il ne peut pas provoquer le désir d’une façon spontanée dans le couple dans la durée. Rien n’est jamais définitivement acquis dans la vie érotique du couple, tout est tous les jours à recommencer.
Reposons l’établi… Recommençons…
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