Les démarches que nous mettons déjà en application pour éviter les pièges du quiproquo sexuel dans le couple peuvent nous aider à vivre le confinement avec plus de sérénité, moins d’incompréhensions.
Dans le quiproquo sexuel, il y a erreur sur la personne : la rencontre amoureuse donne souvent l’illusion d’un amour fusionnel et éternel. Chacun-e est persuadé-e qu’il ou elle peut attendre de l’autre un comportement affectif et sexuel idéal et immuable. L’homme croit que la femme dont il est tombé amoureux exprimera indéfiniment son désir sexuel de la même façon qu’au début de leur passion. La femme croit que l’homme dont elle est tombée amoureuse exprimera indéfiniment séduction et romantisme de la même façon qu’au temps de leur rencontre, spontanément et fréquemment.
Quand nous entrons en vie de couple, les composantes de la passion vont, en s’amenuisant puis en disparaissant, devenir les instruments de sa destruction.
La communication des émotions s’étiole. Le désir sexuel de l’homme et de la femme se différencie et amorce un décalage dans le temps et dans l’intensité. On croit qu’on ne s’aime plus. C’est ce constat qui, lentement, s’insinue et fait peur. Nous ne sommes plus les mêmes, nous sommes différents. Mais « échanger le différent » est plus difficile que « partager le même ».
Le désir sexuel masculin est inné qu’il y ait passion ou pas. Le désir féminin est inné uniquement dans le temps de la passion ; la magie n’opère plus dans la durée et encore moins dans la promiscuité et encore moins dans le confinement à moins que… s’il reste le respect, la complicité, un peu d’admiration et de reconnaissance, si Philia et Agape sont encore présents alors qu’Eros boude dans son coin, il est encore possible pour l’homme et la femme de fabriquer les outils d’une nouvelle séduction et de tout recommencer différemment. Créer un nouveau lien. Être curieux-se de l’autre, chercher à étonner, à plaire, à découvrir la part de l’autre, la part de soi-même qui ne s’est pas encore révélée car nous cachons au fond de nous des richesses insoupçonnées que le couple ne connait pas encore. S’approcher lentement, délicatement, sans but si ce n’est celui de la connaissance de l’autre. S’apprivoiser. « Que signifie apprivoiser ? » demande le Petit Prince de St Exupéry. L’accord, le calme, la tendresse sont au bout du chemin. Mais ne confondons pas tendresse et excitation. Ne forçons pas le consentement à l’échange érotique.
Peut-être… après les mots… sûrement pas… après les maux.
A la semaine prochaine