L’amour n’est pas suffisant en tant que ciment du couple

À la fin du XIXe siècle, l’amour devient la raison majeure du mariage. Nous avons espéré que les couples se formeraient autour du sentiment amoureux, ils ne souffriraient plus, ils dureraient plus longtemps dans une sérénité garantie par cette nouvelle forme. Or, regardons aujourd’hui la situation : des séparations en grand nombre autour de nous. Des séparations difficiles où chacun et chacune souffre et se bat pour récupérer une confiance en soi et une valorisation mises à mal par la déception et la frustration d’une rupture aussi inattendue que destructrice. On pensait en effet , au moment de la rencontre et pendant cette période de passion amoureuse (de 2h à 2 ans), qu’on s’aimerait très fort et toute la vie.

Après la passion : l’action

Si on veut que le ciment tienne, il ne faut pas laisser l’amour s’effilocher dans la routine de la vie de couple. Passer de la passion à l’action est un art qui mérite toute notre attention, tout notre pouvoir de remise en question individuelle et de préparation à une nouvelle étape de sa vie personnelle et de la vie de couple.

Remise en question individuelle

Nous allons essayer de concevoir que la passion ne dure pas et que ce n’est pas une raison pour « jeter l’autre comme un kleenex » quand on s’aime moins. Nous allons essayer de mettre en place une nouvelle stratégie sur 2 plans:

Sur le plan individuel 
L’individu ne doit pas s’effacer pour ne faire qu’un avec l’autre mais faire en sorte d’être un plus pour l’autre. Effacer une partie de soi ou la moitié de soi pour que l’autre existe est une erreur que les générations passées ont payé très cher. Dans les rôles d’avant, en gros, la femme sacrifiait sa créativité, l’homme sacrifiait son affectivité. Il n’est plus possible aujourd’hui de demander ces sacrifices au nom de la survie du couple. Et puis, de toute façon, cela n’a pas fonctionné.
Devenir un plus, c’est devenir soi-même : apprendre, connaître, découvrir, faire, être, créer, s’enrichir de tous les apprentissages à notre portée, cultiver ses propres capacités, s’affirmer, se faire confiance, ne pas avoir peur de la solitude, ne pas avoir peur des échecs qui accompagnent nos pensées et nos actes, ne pas être dans l’utopie de super man ou super woman, bref être un être humain, être soi.

Sur le plan du lien du couple
Le lien du couple est cet endroit invisible, immatériel, cet espace entre les deux personnes, ces actions communes, ces conversations où l’échange se dit, se déroule. Le lien, c’est ce que nous mettons en commun, que nous allons partager. Le lien est ce qui nous reste de la passion du début. Mais même les façons de vivre ce lien seront différentes pour chacune des personnes. Rien ne sera similaire, rien ne se fera simultanément, rien ne sera deviné par l’autre. Il faudra parler pour se faire comprendre. Nous ne parlerons plus alors de magie. La communication entre les deux protagonistes sera la condition du passage de la passion à l’action. Elle est l’élément essentiel constitutif du ciment du couple.

Remise en question du couple

Ensemble ne signifie ni identique ni égal. Il signifie complémentaire, chacun son tour, chacun ses capacités, chacun son originalité et son authenticité. Les rôles ne sont pas prédéterminés, ni apparentés au sexe de chacun. L’homme et la femme présentent des différences ? Bien évidemment, mais ce ne sont pas ces différences, basées essentiellement sur le sexe, qui les empêchent de vivre en couple. Ces différences sont décrites en long en large et en travers dans toute une littérature aussi hétérogène et massive que, trop souvent, simplificatrice.
Ils sont différents comme peuvent l’être deux êtres humains : deux femmes ou deux hommes. Ce ne sont pas leurs différences qui les empêchent d’avancer mais leurs attentes utopiques et dévastatrices. C’est pour cela que, en tant que « couplologue » je voudrais tenter de désexualiser le discours sur le couple et le couple lui-même dans notre approche professionnelle.
Parler d’autonomie, de maturité, d’évolution individuelle, d’aspirations personnelles, de cohabitation ou de hors cohabitation, bref de différenciation et de reconnaissance de la diversité et de l’originalité de chacun. Parler de mise en commun d’éléments choisis par l’un et par l’autre en fonction de leurs désirs particuliers, différents et respectés.
Le couple est à voir autrement, dans une définition qui inclurait la complémentarité et le respect du désir de chacun d’exister pour soi-même, et ce faisant, être un plus pour l’autre.
Prochain article : Le « prendre » et le « donner ».

La "balade érotique"
La communication émotionnelle et la notion de quiproquo...

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