Soyons lucides : le couple invoqué par la société moderne est un leurre. Il n’y a pas, dans la durée, de couple qui parvienne à concilier désir, amour romantique, sexualité, fantaisie, épanouissement personnel, sécurité, confort matériel et gestion du quotidien ; les couples ont un intérêt économique et pratique à vivre en commun, à partager un toit et des ressources. Quelle est cette hypocrisie quasi universelle qui, au nom de l’amour et pour des raisons de stabilité communautaire, se sert d’une rencontre amoureuse, cocktail de passion-douceur et de passion-violence, pour bâtir l’édifice d’un couple qui devra tout inventer pour fabriquer le meilleur ? Entre l’amour passion et le couple dans la durée, il manque un lien à construire et à définir.
Et si ce confinement nous mettait au défi d’inventer ce nouveau lien ? Imaginons que nous sommes face à une véritable provocation : « Vous êtes en couple, donc théoriquement vous vous aimez, vous avez tout fait pour vivre ensemble et bien vous y êtes! Et en plus aujourd’hui c’est obligatoire ! Cela ne devrait pas vous poser de problème ? De quoi vous plaignez-vous ? »
Et si nous profitions de cette situation « anormale » pour bousculer la « normalité » toujours attractive, mais de plus en plus défaillante de la famille « Ricoré ». Le sentiment amoureux sauve de tout ? Non, il ne sauve pas des méfaits de la promiscuité. L’amour passion relève de l’émotion et de l’absence ; le couple dans la durée relève de la raison et de la présence. La présence forcée dans le cadre du confinement, en forçant le trait, nous pousse à reconnaître que la vie à deux n’est pas individuellement vivable sans raison, réflexion, intelligence, organisation et surtout tolérance des différences de chacun-e.
Opportunisme diplomatique : Le matin, après la toilette et le petit déjeuner, réunion quasi journalière du couple (qui pourrait être suivie d’une réunion de toute la famille intra-muros).
Objet : programme de la journée, qui fait quoi, chacun-e exprime librement son désir de faire ou de ne pas faire tout en assurant une efficacité organisationnelle.
Lieu : un endroit réservé au couple, la chambre par exemple. Celle-ci doit être un lieu respecté par les enfants même si on ne fait pas l’amour. « Frapper avant d’entrer ». Poser une serrure à la porte de la chambre parentale n’est pas une entrave à l’amour parental. Nommer et faire respecter ce lieu permettra au couple de nommer et protéger également le territoire individuel. On s’autorise l’éloignement, une séparation géographique bienfaitrice, une solitude choisie, un repos nécessaire à l’équilibre individuel et à la créativité. La disponibilité physique et mentale nécessaire à la gentillesse et à la délicatesse en dépend. Voire plus si affinités… tendresse, sensualité, intuition des gestes… voire encore plus : sexualité, mais sous deux conditions : que l’homme n’interprète pas systématiquement la tendresse de la femme comme un désir et un consentement à la relation sexuelle, et que la femme ne considère pas que l’excitation de l’homme fasse de lui un obsédé. Profitons de ce temps hors du temps pour nous confier nos différences émotionnelles, sensuelles et sexuelles!
A la semaine prochaine.