« Je veux savoir où je vais ! »… « Je veux savoir de quoi demain sera fait ! » … « Je veux savoir si demain nous serons encore ensemble » …« Je veux tout savoir de toi. »… « Je veux connaître ton passé, ta famille, tes amours, tes deuils et tous tes secrets. Je veux connaître tout ce que tu vis aujourd’hui, tes sentiments, ce que tu penses de moi, tes amis-es, ton travail »… « Je ne peux rien attendre de toi si je ne sais pas tout de toi »… « Je ne veux pas que tu tombes du piédestal où je t’ai hissé-e quand nous nous sommes rencontrés, j’ai peur de tomber avec toi »…
Affectivement nous attendons de la vie de couple un immobilisme absolu, une passion amoureuse figée pour toujours, une évolution individuelle zéro, et que ça dure toute la vie. Véritable totalitarisme affectif et relationnel. Le couple est le lieu de deux extrêmes : tout savoir de l’autre et si ce n’est pas le cas, ne plus rien vouloir de l’autre et se séparer.
Ors nous n’avons aucun pouvoir sur la durée de la passion amoureuse, pas plus que sur la durée de notre vie. « Car toute vie est une aventure incertaine : nous ne savons pas à l’avance ce que seront notre vie professionnelle, notre santé, nos amours, ni quand adviendra, bien qu’elle soit certaine, notre mort. » Edgard Morin.
Dire « je ne sais pas » est considéré comme une faiblesse, paria de l’évolution et de la connaissance. Cette expression n’a pas droit de cité dans notre société qui vit à « flux tendu » et encore moins dans notre vie de couple sauf à la considérer comme un handicap voire un échec. A contrario, la « championnite », épidémie causée par le virus EATP (efficacité à tout prix) , régne en despote dans les quatre fonctions du couple : amant, ami, conjugal et parental.
Que ferions-nous sans ce « je ne sais pas » ? Que pourrions-nous inventer sans la conscience de notre propre ignorance ? Mettre en commun nos incertitudes plutôt que nos certitudes nous rendrait encore plus solidaires dans le couple. Oser dire « Je ne sais pas, et toi ? » ouvrirait sur une curiosité échangée, riche de propositions et de rebondissements. Le savons-nous ?