La famille dite recomposée représente un important facteur d’évolution pour ce qui concerne la famille du futur.
Les deux parents de la nouvelle famille se sont choisis. Ils n’ont pas choisi de mettre au monde le ou les enfants de l’autre. Or parents et enfants vont vivre sous le même toit, à temps partiel ou à temps complet; le travail d’adaptation et d’apprivoisement de nouvelles personnes et de nouveaux comportements n’est pas facile ni automatique.
Il y a de quoi réfléchir, échanger, apprendre, préparer, organiser, briefer, débriefer… Le couple doit s’adapter aux impératifs d’une nouvelle parentalité mixte, qui inclut les enfants de l’un et les enfants de l’autre, et faire en sorte de favoriser la création de liens chaleureux. Cela nécessite une bonne dose de respect, d’ouverture d’esprit et de tolérance.
Si on ne parvient pas à installer cette convivialité, ce n’est pas catastrophique: la politesse et la diplomatie pourront prendre le relais. Là encore, il ne faut pas attendre la perfection: s’aimer tous et à tout prix. Ceci est vrai pour toutes les familles.
Il est nécessaire d’instaurer des réunions de façon systématique et régulière dans un souci de communication et d’organisation.
Nouvel apprentissage, nouvelle civilisation.
Un couple nostalgique et qui s’ennuie
Quand on atteint une certaine stabilité et que la passion n’est plus là, le couple s’ennuie. Le confort, la sécurité, refoulent l’élan amoureux dans un puits sans fond d’ennui et de mélancolie. J’entends souvent : “Nous avons tout pour être heureux… mais nous ne le sommes pas”.
Quel est ce TOUT dont ils parlent ? S’agit-il d’un mélange de stabilité, de sécurité et de confort matériel ? La sécurité et la stabilité anesthésient l’amour et le désir. Je vois les maisons se construire et les couples se déconstruire à la même vitesse.
Quand la maison est terminée nous sommes déjà vieux. Nous sommes épuisés, nous ne jouons plus, nous ne nous parlons même plus. Nous ne faisons plus attention l’un à l’autre.
Quelque chose a disparu, de précieux, d’unique, de passionnant : la curiosité vers soi et vers l’autre.
Un été en paroles
Prenons-nous le temps de nous asseoir ? Prenons-nous le temps de nous parler l’un à côté de l’autre ou l’un en face de l’autre, autour d’une table, installés confortablement ? Laissons à la parole le temps et l’espace qu’elle mérite parce qu’elle est le lien entre nos deux intelligences. S’inviter sous le même toit pour marquer ainsi l’importance de la présence de chacun-e ici et maintenant, dans la même maison.
Fin d’un été : vacances ou travail, peut-être changement de rythme, changement de lieu, lâcher-prise ou non, ressentis différents, contentement ou déception, remise en forme ou fatigue, distractions ou ordinaire. Nous pourrions parler de ce que nous avons vécu même si nous l’avons vécu ensemble. Nous n’avons sûrement pas ressenti les mêmes choses en même temps. Nous aurons des émotions et des mots différents devant le même coucher de soleil.
Il est fréquent que l’on confonde émotion et opinion, surtout dans le couple. On peut discuter sur une opinion et ne pas avoir le même avis. L’émotion est intouchable, on ne peut ni la changer, ni la juger, ni la remettre en question. Elle est. Des émotions différentes peuvent provoquer des conflits dans le couple car chacun-e voudra avoir raison pour quelque chose qui n’est pas de l’ordre du raisonnable mais du ressenti. Combien de souffrances et de conflits seraient évités si on pouvait écouter l’autre dans ses émotions sans les comparer aux nôtres !
“Que c’est beau !”, “Non, je ne suis pas d’accord !”… et ça commence !
Ne pas laisser l’été sans paroles.
Le “lien” du couple
Nous ne pouvons pas changer les personnes mais la nature du lien qui les unit. Le lien du couple n’est pas inné, il s’acquiert.
Nous sommes perpétuellement en quête de sens dans l’entreprise du couple. Les récits de vie à deux sont à la fois semblables et différents. Semblables par les coutumes et la transmission des habitudes et différents parce que chaque individu qui compose le couple est unique.
Être un être humain est de l’ordre de la nature, être unique est de l’ordre de la nature, être un couple est de l’ordre de la culture.
Dans le cadre de mon exercice professionnel et en ma qualité d’être humain, je nous invite hommes et femmes à vaincre notre crainte face à la quête d’apprivoisement et de connaissance de soi, à l’exploration de notre propre fonctionnement relationnel et à la fabrication difficile mais passionnante d’un nouveau lien du couple, un entre-deux à redécouvrir et à rénover. Cette recherche tient compte de notre héritage culturel mais se fabrique ici aujourd’hui et maintenant dans le contexte sociétal actuel.
Nul n’est condamné à trainer derrière soi les acquis du passé.
Je propose un cheminement dans le devenir de soi et du lien du couple.
“Nous ne communiquons plus !”
“Nous ne communiquons plus…” Cette phrase revient inlassablement chez l’homme et la femme qui viennent en couple chercher de l’aide.
La communication dans la couple n’est pas systématique ni naturelle. La communication émotionnelle est un art qui s’apprivoise et qui s’apprend. Abordons cet art avec curiosité, intérêt, fantaisie, assiduité, pugnacité, plaisir de découvrir, d’entreprendre, et surtout, esprit d’aventure.
Quand nous prenons le risque de communiquer nos émotions nous prenons le chemin de n’être pas entendu-e ou compris-e et la réciproque est aussi vraie. Dire ce que je ressens et se sentir entendu-e, écouté-e est au centre du lien du couple. L’amour n’est pas suffisant pour affronter les conditions de promiscuité et de routine qui sont celles de la vie de couple. La communication émotionnelle peut, seule, compenser les aléas du lien amoureux. Parler et écouter, prêter attention à ce que je dis de moi et à ce que tu dis de toi. Nous sommes l’un en face de l’autre et nous donnons une attention particulière à l’entre-deux affectif.
L’individu a besoin de mettre des mots sur les moments de son évolution personnelle afin que le couple intègre l’originalité, la particularité de chacun-e. Cette communication émotionnelle participe à la fabrication sans cesse renouvelée du lien du couple et construit son cheminement dans la durée. L’évolution individuelle est souvent incompatible avec les résolutions et les impératifs de la durée. À l’encontre de cette incompatibilité je propose d’associer un travail d’adaptation entre “l’égoïsme positif ” et les intérêts du lien du couple.
Parler de soi et écouter l’autre parler de soi rejoint cette expression déjà citée dans des articles précédents : “S’inviter sous le même toit”, s’assoir, s’installer, s’arrêter, se rendre disponible et accueillir la parole de l’autre.
