Le mythe d’une sexualité « parfaite »

Cette période sécuritaire en matière d’épidémie et les réticences relationnelles qu’elle occasionne vont mettre en évidence de nouveaux questionnements sur l’intimité du couple et en particulier sur sa sexualité. Réflexions que je souhaiterais appropriées à une sexualité plus humaine dans le couple au long cours. La sexualité que l’on nous présente comme désirable, idéale et incontournable à grands coups de blockbusters et de publicités est humainement impossible.
Elle exige un masculin qui doit séduire, plaire, être doux, à la fois provocateur et respectueux. C’est lui seul ou presque qui doit être à l’origine d’une relation sexuelle réussie.  On a mis sur les épaules de l’homme la responsabilité du plaisir du couple, c’est sans doute pour cette raison qu’il a les épaules larges ! Il doit deviner les effets de ses caresses sur une personne à qui l’on a appris à ne pas dévoiler ses émotions sexuelles. Au féminin, elle doit être douce, tolérante à l’égard des exigences de son partenaire, à l’écoute de son amant, à la fois passive et excitante, excitée, mais pas trop pour ne pas choquer ou effrayer. Tiraillée dans son imaginaire entre le modèle de la vierge et celui de la putain, elle a néanmoins l’obligation de jouir, de l’exprimer et d’en être redevable. 
Il nous appartient de nous délivrer de cet engrenage : pour les hommes, ne plus se réduire à être de bons techniciens, de bons ouvriers spécialisés du sexe. Mais devenir de vrais amants, hommes présents, habités de leurs émotions, offrant leur désir et leur plaisir. Pour les femmes, chercher leur autonomie dans l’excitation et le plaisir, découvrir la jouissance, peu à peu, comme elles le souhaitent et ne pas tout attendre de l’autre. 
La sexualité semble être en permanence jugulée par deux extrêmes : l’obscurantisme du XIXe siècle et la pornographie avec l’hypersexualisation des XXe et XXIe siècle. L’ignorance de notre corps et de nos capacités érotiques se perpétue de générations en générations. Les mythes continuent de se propager. Les stéréotypes et fadaises règnent en maîtres sur ce sujet. Les conséquences ? Je suis intimement persuadée que la mésentente sexuelle est LA principale cause des violences conjugales. Quand oserons-nous enfin parler de la nécessité des apprentissages en matière d’affectivité, d’érotisme et de couple ?
Bas les masques !

Les scènes de ménage n’émanent pas de la raison
1er Colloque - l'après-midi du couple

Laisser un commentaire