La bonne distance… dans le couple

La gestion du temps était, avant le confinement, le problème numéro un du couple dans la vie de tous les jours. Avec le télétravail et le chômage partiel le nouveau problème s’avère être la gestion de l’espace. A l’extérieur de la maison, la distance entre les individus sera de 1 à 10 mètres selon les activités exercées. Dans le couple la distance n’est bien entendu pas précisée. Pourrait-on imaginer une évaluation de la distanciation en fonction du degré de l’affectivité. Je t’aime un peu : 4m, beaucoup : 1m, passionnément : 0m, à la folie : les deux se confondent. « La folie dévoratrice qui lie deux personnes à leur début ne peut se prolonger sauf à se muer en d’autres liens non moins estimables, la complicité, l’amitié douce et confiante. » Pascal Bruckner Le mariage d’amour a-t-il échoué ?

Comment trouver la bonne distance dans le couple aujourd’hui ? Entre « Tu es loin » et « Tu m’étouffes » ou entre « Tu ne t’occupes pas assez des enfants » et « Tu es énervé-e parce que tu fais trop de choses à la fois ». Quel comportement adopter pour trouver la bonne mesure du lieu et du temps dont j’ai besoin pour télétravailler ou pour faire des choses qui m’intéressent, parce que le chômage même partiel me fait ressentir un sentiment d’inutilité et de culpabilité?
Je suggère deux possibilités : 1) Un petit morceau de table dans la salle à manger fera l’affaire, je serai accessible à toute la famille et j’assumerai, à l’image de superman ou de superwoman les quatre fonctions de parent, époux-se, ami-e et professionnel-le en même temps. 2) Je programme une réunion de famille pour dialoguer sur la nécessité d’une organisation collective. Le couple va devoir passer d’un état multifonction déjà lourd à porter avant le confinement, à l’état de « champion toutes catégories » imposé par de nouvelles exigences professionnelles et relationnelles. Cette mutation, imprévisible avant le confinement, va nous donner du fil à retordre. Et c’est encore le couple qui va casquer ! On passe soudainement d’un schéma de compréhension à un autre sans aucune préparation.

Il faut tout inventer nous-mêmes. On ne peut plus se permettre de deviner, d’improviser, de dire que l’amour va encore une fois tout résoudre. Je l’écrivais déjà dans mon essai : « le couple, tel une entreprise, constitue une forme de partenariat régi par un contrat (tacite ou formulé) et permettant de mettre en œuvre des projets co-construits. Pour cela il est utile de savoir gérer les priorités, planifier et se répartir les tâches. »  S’inviter sous le même toit, s’assoir ensemble autour d’une table, papier, crayon, réflexion, concertation.
Dans le couple, la bonne distance se mesure à nos capacités de communication, d’innovation, de solidarité, d’équité et surtout d’adaptation.   
« La bonne distance se réalise avec le recours au langage, aux signes, au verbe, au sens échangés par deux acteurs lucides, informés et décidés à faire coïncider leurs actes et leurs déclarations. » Michel Onfray Théorie du corps amoureux.

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